
Par FAL : Soyons franc – ce n’est certainement pas un festival du cinéma finlandais, centré autour de trois films, qui permettra aux exploitants de salles de cinéma de sortir du marasme qui frappe actuellement leur profession – les résultats platounets (c’est un euphémisme) de Tenet sont là pour en témoigner –, mais il n’est pas interdit d’aller faire un tour ce week-end à l’Institut finlandais (rue des Écoles) et, juste à côté, au cinéma Reflet Medicis pour découvrir quelques échantillons d’une production qu’on connaît mal, pour ne pas dire qu’on ne connaît pas du tout. On pourra en particulier faire un sort à Master Cheng, de Mika Kaurismäki (le frère de l’autre), chose modeste, mais pleine de charme. Tout le contraire d’un blockbuster. Une intrigue extrêmement ténue. Et pourtant, et même si la fin est prévisible dès les dix premières minutes, une atmosphère d’où le suspense n’est pas absent, toute la question étant de savoir comment on parviendra au dénouement, si prévisible soit-il. Bref, ceux qui n’aiment que Fast and Furious sontpriés de passer leur chemin. En revanche, si vous vous souvenez avec émotion de films comme Local Hero ou La Visite de la fanfare, Master Cheng ne devrait pas vous laisser indifférent.
Cheng, donc, débarque avec son jeune fils de sa Chine natale dans un village de Finlande. Seulement avec son fils ? Nous apprendrons bientôt que sa femme est morte dans un accident. Mais que faire en Finlande ? Il entend visiblement retrouver là quelqu’un… dont personne n’a entendu parler. Il ne marmonne que quelques mots d’anglais, ce qui n’arrange pas ses affaires, et l’hôtel le plus proche du village est à une quarantaine de kilomètres. Toutefois, comme l’indique le titre, Cheng a une arme secrète – il est cuisinier de son état. S’établit donc une espèce de troc. Compatissante, la patronne célibataire du diner local le loge, lui et son fils, dans une chambre. En échange, il lui donne un coup de main dans la préparation des repas. Mais ses talents gastronomiques sont tels que la clientèle va très vite devenir de plus en plus nombreuse. En outre, la nourriture chinoise n’est pas seulement bonne à manger ; elle est aussi bonne pour la santé. Cheng a même dans son répertoire une recette de soupe qui permet aux dames de moins souffrir quand elles ont leurs règles…
La réussite de Master Cheng vient du fait que, comme dans tout bon récit, nous assistons à deux histoires parallèles, ou plus exactement entrecroisées. Celle de la découverte des paysages finlandais par Cheng et son fils – qui retrouvent d’ailleurs paradoxalement dans certains endroits la paix propre à ce que nous avons pu voir, nous spectateurs, dans certains films chinois. Nous voyons donc la Finlande à travers les yeux de ce héros qui joue paradoxalement pour nous, du fait même de sa situation d’étranger, le rôle de guide. Mais la seconde histoire, la plus importante peut-être, est celle de la « conquête » de la Finlande – en tout cas d’un village finlandais – par ce Chinois grâce à ses recettes inédites, suscitant d’abord la méfiance des locaux, puis leur enthousiasme.
C’est, bien sûr, un conte de fées, qui exige, comme disent les Anglais, a suspension of disbelief. Autrement dit, il faut vouloir y croire, se laisser prendre au jeu. Mais il y a d’un bout à l’autre la pincée d’humour nécessaire pour tout faire passer. Y compris cette étrange idée suivant laquelle tous les hommes seraient frères. Les dictionnaires et les encyclopédies vous expliqueront la subtile différence entre finnois et finlandais. Nous nous bornerons ici à remarquer que finnois, malgré les distances, peut rimer avec chinois.
Frédéric Albert Levy
Programme du Festival : https://www.institut-finlandais.fr/blog/event/la-finlande-en-3-films-au-reflet-medicis/
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