Par FAL : La plate-forme UniversCiné inclut dans son menu Ghostland de Pascal Laugier, mais propose aussi, chose peu commune dans les plates-formes de ce type, le making of du film. Il est vrai que le documentaire tourné par Thierry Sausse et intitulé L’Image fantôme n’est pas loin d’être un long métrage à lui tout seul.

En 2008, juste après avoir passé son bac, Thierry Sausse, alors âgé de dix-sept ans, quitte la Côte d’Azur pour « monter à Paris ». Chemin de Compostelle cinématographique déjà emprunté avant lui par Christophe Gans, Nicolas Boukhrief, Xavier Gens ou Pascal Laugier. C’est d’ailleurs ce dernier que, grâce à des relations communes, il rencontre lorsqu’il débarque dans la capitale et qui – heureux hasard du calendrier – l’invite à une avant-première de Martyrs le lendemain même. « Ne serait-ce que pour cela, mon voyage à Paris n’aurait pas été vain ! »

Récurrence : en 2001, Pascal Laugier avait pu, après avoir retenu l’attention de Christophe Gans en lui présentant ses courts métrages, réaliser le making of du Pacte des loups. En 2016, Thierry Sausse, après avoir montré ses courts métrages à Pascal Laugier, a pu le suivre jusqu’au Canada pour réaliser le making of de Ghostland. Quelques années s’étaient écoulées depuis leur première rencontre : « Pascal a toujours porté à mon travail un regard sévère mais bienveillant – et cette bienveillance m’a permis d’avancer. Mon troisième court métrage a commencé à l’intéresser. »

Thierry Sausse a donc été présent sur le plateau de Ghostland chaque jour des sept semaines qu’a duré le tournage, et en a tiré un documentaire de soixante-dix minutes, L’Image fantôme. Pas plus que celles du film proprement dit, les conditions de tournage de ce making of n’ont été idéales. Il fait d’abord souvent très froid au Canada : « Quand nous sommes arrivés à Winnipeg, en octobre, le climat était encore automnal, mais en quelques semaines les températures sont descendues de 40°C et il a fallu s’arranger pour que toutes les scènes d’extérieur soient bouclées avant que la neige ne vienne repeindre le paysage… »

Autre source de difficultés, les méthodes de travail de l’équipe canadienne. S’il est clair, quand on voit L’Image fantôme, que Pascal Laugier a su établir une profonde complicité avec ses comédiens et ses techniciens, les premiers ne rechignant jamais à interpréter telle ou telle scène particulièrement éprouvante, certaines habitudes corporatistes nord-américaines sont si indéracinables qu’il est vain d’imaginer qu’on puisse y changer quoi que ce soit : « L’installation des lumières prend toujours un temps fou ; les répétitions avec les doublures aussi ; il y a partout des câbles qui traînent ; il y a des gens partout – l’équipe comptait une cinquantaine de personnes, ce qui n’est peut-être pas beaucoup selon les normes américaines, mais qui l’était en l’occurrence étant donné l’exiguïté des intérieurs… Pascal aurait préféré faire les choses “ à l’européenne ” et disposer d’une plus grande liberté. Mais il est inutile de chercher des coupables : tous ceux qui l’entouraient étaient vraiment au service du film. Moi-même, j’ai pu bénéficier de l’attention des cadreurs, qui prenaient soin de me réserver une place pour que je puisse filmer telle ou telle scène. Mais les techniciens nord-américains ont été formés comme ils ont été formés et ne sauraient se défaire de leurs habitudes. »

Morale de l’aventure ? « En voyant travailler Pascal, l’aspirant-réalisateur que je suis a appris les vertus de l’abnégation. Bien sûr, Pascal a pu râler en diverses occasions, mais il ne s’est jamais plaint à proprement parler, il n’a jamais renoncé. Et quand, le dernier jour de tournage – il devait être 4h. du matin –, il m’a demandé, sur un ton légèrement ironique, si j’étais toujours sûr de vouloir faire du cinéma mon métier, je lui ai répondu : “ Plus que jamais. ” Sa ténacité était contagieuse. Lorsque, juste avant le début de la préproduction, il a été question de renoncer au making of (qui était financé par les mêmes producteurs et les mêmes distributeurs que ceux du film), parce que l’argent se faisait rare – moi-même, je n’y croyais plus trop –, c’est Pascal qui est venu me dire : “ Il n’est pas question que ton documentaire ne soit pas sur le DVD du film. ” »

Thierry Sausse a réalisé depuis L’Image fantôme un court métrage de vingt minutes intitulé Le Papillon noir. Un drame macabre à trois personnages sur la jalousie au sein d’une fratrie. Il a lui-même financé en effectuant parallèlement de petits boulots – dont celui d’archiviste de cinéma – ce projet qui lui tenait depuis longtemps à cœur. Il compte maintenant le présenter dans des festivals avec l’espoir qu’il suscitera assez d’intérêt, auprès du public et des professionnels de la profession, pour que le long métrage sur lequel il est en train de plancher puisse à son tour prendre son envol.
Frédéric Albert Lévy

Le making of peut-être vu à cette adresse :
https://www.universcine.com/films/l-image-fantome-sur-le-tournage-de-ghostland
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