Richard Donner s’est envolé

Par Claude Monnier : Le cinéaste Richard Donner, disparu le 5 juillet dernier à l’âge canonique de 91 ans, était-il un auteur ? Non. Était-il un yes-man impersonnel ? Non plus, et d’ailleurs, si c’était le cas, nous n’en parlerions pas ici. Était-il un grand cinéaste ? Peut-être…

Si, à partir des années 1990,  la seconde partie de la carrière de Donner déçoit, le cinéaste enchaînant des œuvres lourdes (Maverick, Assassins, Complots) et les suites de plus en plus balourdes à L’Arme Fatale, la première moitié de sa carrière, jusqu’à L’Arme fatale en 1987, est en revanche de haut vol.

Donner n’était pas un auteur, disais-je, ce qui veut dire qu’il n’était pas un grand artiste donnant sa vision personnelle de l’existence à travers un style reconnaissable entre tous (définition de l’auteur valable aussi bien pour Bergman que pour Spielberg), mais dans les années soixante-dix et quatre-vingt, il a réalisé coup sur coup des spectacles ambitieux et prestigieux dont l’ampleur et le dynamisme sont toujours appréciables de nos jours : La Malédiction, Superman, Ladyhawke, Les Goonies, L’arme fatale. On peut même voir dans cette série a priori disparate une cohérence, une préoccupation commune, voire un romantisme caché (Superman et Ladyhawke sont à ce titre de très belles histoires d’amour aux contours tragiques), qui confèrent à Donner des « velléités » d’auteur : comment préserver son innocence, sa pureté d’enfant, dans un monde où règnent l’obscurantisme ?

Au cœur de cette préoccupation profonde, Superman (1978) fait figure de chef-d’œuvre total et Donner, là où il est, dans le haut ciel bleu, peut être fier d’avoir réalisé le plus grand et le plus beau des films de super-héros. C’est que le cinéaste, galvanisant par son enthousiasme sincère une équipe constituée d’as des as, a su d’emblée se mettre à hauteur d’épopée. Donner fut en effet le catalyseur du jeu très pur de Christopher Reeve, véritable Galaad perdu à Hollywood ; il poussa aussi le directeur Geoffrey Unsworth et le compositeur John Williams à se dépasser, leur faisant atteindre, chacun dans son domaine, des sommets de beauté.

Signe absolu de maîtrise et donc indice que nous avons eu affaire à cette époque à un cinéaste souverain, voire à un grand cinéaste : l’humour constant, malicieux, qui papillonne à travers tout le film, humour qui manquait d’ailleurs à La Malédiction malgré sa réussite, et qui fait de certains passages de Superman l’équivalent des comédies de l’âge d’or d’Hollywood.

Bref, Donner a eu la grâce cette année-là, il a été en quelque sorte « l’élu du cinéma », ce qui arrive parfois aux très bons cinéastes de sa trempe (tels Schaffner, Winner, Frankenheimer, Hyams),  cinéastes parfois inégaux qui deviennent alors, le temps d’un film, par une merveilleuse conjonctions des astres, l’égal des géants.

Claude Monnier

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