
Par Claude Monnier : Des quidams prisonniers d’un village touristique aseptisé, trop beau pour être vrai : Old, et ceci est un compliment, ressemble à un épisode allongé du Prisonnier ou de La Quatrième Dimension. Ce n’est bien sûr pas la première fois chez M. Night Shyamalan et c’est d’ailleurs la limite du film : nulle surprise, Old reprend la structure cyclique et les cadrages savamment claustrophobes du Village, avec là encore le réalisateur qui joue son propre rôle dans le film, celui de « Deus ex machina ». Mais ici la mise en scène minimaliste (une plage, une dizaine de personnages en quête de hauteur) accentue savamment la mise en abyme en faisant de cette plage fermée, entourée d’une falaise, l’équivalent d’un théâtre tragique (ou absurde), où chaque protagoniste est confronté, en « condensé », à cause d’une faille spatio-temporelle, à la douleur et à la mort.

Dans ce cadre, la suspension d’incrédulité du spectateur doit jouer à fond mais les incohérences éventuelles ne sont pas importantes car nous comprenons bien que ce film, comme tout épisode de La Quatrième dimension, a surtout valeur de métaphore. Outre sa satire efficace du consumérisme occidental en général, et du tourisme de luxe en particulier, ce petit film fantastique parvient aussi et surtout à susciter un grand malaise car ce que vivent les personnages en accéléré, la croissance, les déchirements du couple, l’usure du corps, la disparition des parents, le deuil douloureux, l’approche de sa propre fin et, au bout du compte, l’acceptation résignée, c’est, nous le savons bien, ce que nous vivrons tous, prisonniers que nous sommes de cette grande boucle qu’on appelle la succession des générations et de cette grande Usure Universelle qu’on appelle la vie.
Claude Monnier
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