
Par Claude Monnier : Honorée récemment (et à juste titre) par le British Film Institute, en compagnie de son demi-frère Michael G. Wilson, la productrice des James Bond, Barbara Broccoli, a avoué à demi-mot qu’elle pédalait dans la choucroute concernant la prochaine aventure de 007… Pardi ! Difficile de revenir en arrière après l’ère jusqu’au-boutiste de Daniel Craig : d’une part, l’ère Craig a ringardisé le principe du film d’action gratuit et jouissif (soit le film d’action moderne) mis au point à partir d’Opération Tonnerre (1965), en voulant à tout prix raconter une histoire dramatique, avec un arc narratif tendu d’un film à l’autre. Cela oblige donc la productrice à penser à un arc aussi ambitieux pour les prochains Bond, courant sur plusieurs épisodes, comme l’aime désormais le public gavé de séries. Ce n’est pas chose facile.
D’autre part, corolaire du premier point, l’ère Craig, œdipienne et amoureuse de sa propre dramaturgie, a amené logiquement la mort de Bond, celui-ci n’étant plus un héros « gratuit » et immuable comme Tintin.
Et donc, se demande sans doute la productrice, en se prenant la tête dans les mains, comment repartir à zéro sans qu’on se fiche de nous ?… Rassure-toi, chère Barbara, en voulant faire de Bond/Craig un descendant des Atrides, en créant cette faille dans le continuum spatio-temporel de Bond, tu as peut-être sans le vouloir générer une solution : ce n’est pas le prochain Bond qui, comme tout le monde le demande, devra être un Bond « parallèle » à celui de Craig, repartant à zéro et ne mourant pas à la fin. Non, c’est tout simplement Craig lui-même… qui a été le Bond parallèle ! Au fond, les détracteurs de la première heure, ceux qui critiquaient le choix de Craig avant même le tournage de Casino Royale, avant de se rétracter devant la force de son jeu à la sortie du film, en 2006, eh bien, ces satanés détracteurs avaient sans doute raison. Ils avaient raison « instinctivement » si l’on peut dire, ils le sentaient : Daniel Craig n’est pas James Bond.
– Premier indice : sa blondeur, évidemment, comme si le méchant Red Grant (Robert Shaw) de Bons baisers de Russie avait pris la place de Sean Connery (d’autres pensent carrément que Bond/Craig est un sosie de… Poutine !).
– Deuxième indice : s’il s’éprend bien, comme son modèle littéraire, de Vesper Lynd, le Bond de Craig n’a jamais épousé puis perdu Tracy Di Vicenzo, comme ce fut le cas pour le Bond antérieur, le vrai Bond, celui qui a eu tour à tour le visage de Sean Connery, George Lazenby, Roger Moore ou Timothy Dalton. Tiens, tiens…
– Troisième indice, qui montre que nous sommes bien depuis 2006 dans un Bond parallèle, et non dans notre vrai Bond, indice d’ailleurs à la limite de la parodie Austin Powers : Bond n’a jamais eu aucun lien de parenté avec Blofeld (pour un peu, on allait faire de M/Judi Dench sa vraie maman cachée…). Toutefois, sachant que Poutine, en ce moment, avec ses sempiternelles menaces de fin du monde, ressemble beaucoup à Blofeld, et que Craig ressemble à Poutine, il y a au fond une certaine logique dans cette fraternité Bond/Blofeld !
– Quatrième indice, en forme de petit sacrilège : dans Mourir peut attendre, Bond n’est plus 007. C’est une femme qui récupère ce numéro légendaire. Pourquoi pas, après tout ? Ne peut-on pas tout se permettre dans le multivers ?
– Dernier indice, mais là, ce n’est pas indice, c’est une poutre : Bond meurt à la fin d’une de ses aventures, ce qui ne serait « jamais arrivé à l’autre », au vrai…
Au final, Craig nous a bien eus. Imposteur, va !
Ainsi, chère Barbara, n’aie aucun scrupule, tu peux tout à fait revenir à un Bond canonique, celui qui fut marié à Tracy, celui qui oublie son chagrin dans des aventures pleines de couleur et de fantaisie, car cela fait longtemps qu’on ne l’a pas vu. Et il commence à nous manquer…
Claude Monnier
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