
Par FAL : L’indifférence quasi totale qu’a suscitée dans les médias français la mort de Hugh Hudson est une double injustice. Parce que dans son œuvre de cinéaste figurent au moins trois films qui resteront dans l’histoire du cinéma. Mais aussi parce que ce cinéaste britannique, que le Brexit rendait furieux, avait des rapports privilégiés avec la France, comme le montrent les propos qui suivent, publiés en mai 1987 dans un dossier de Starfix consacré au cinéma français.
__________________________
Hugh Hudson a commencé sa carrière cinématographique comme monteur en France dans les années soixante. La fin de ses Chariots de feu se situe en France Le directeur de la photographie de Révolution, Bernard Lustic, est français. Et surtout, c’est à Hugh Hudson que la France doit – grâce à Greystoke – sa première vraie vedette internationale depuis bien longtemps, Christophe(r) Lambert. (1)
__________________________
« Je ne crois pas que les éléments français qu’on trouve dans mes films soient dus au hasard. C’est en France que j’ai pu commencer à travailler dans le cinéma – entre autres parce que je n’avais pas en Angleterre la carte syndicale qui m’aurait permis de le faire. J’ai toujours eu des liens avec la France et j’en aurai toujours. Je suis un des rares Anglo-Saxons qui pourraient travailler facilement en France. Je pense – même si ce n’est pas à moi de le dire – que je suis beaucoup plus ouvert que la plupart des gens qui font des films aux États-Unis.

Et puis, comment faire abstraction de l’indifférence des Anglais à l’égard du cinéma ? Le cinéma n’a jamais été considéré comme un art, ni même comme un moyen d’expression en Angleterre. Nous autres, les Anglais, sommes terriblement étroits d’esprit. On trouvera dans nos journaux des critiques sur des ballets ou des opéras, mais rien sur le cinéma. Et c’est bien étrange, puisque le cinéma est l’art visuel du XXe siècle qui, exception faite peut-être de la peinture, a le plus grand pouvoir de communication. Les Français ont mieux compris cela que les Anglais.
Ils ont aussi mieux accueilli mes films, au point que je considère que c’est en France, beaucoup plus qu’en Angleterre, que se trouve mon « home market ». On ne m’apprécie guère en Angleterre. Révolution est sans doute l’exemple qui l’a le mieux montré. C’est un film qui n’a même pas eu sa chance. Je m’efforce toujours, dans mes films, de mettre différents « niveaux ». Chacun d’entre eux raconte la révolte d’un individu contre le système. Même Tarzan décide de s’en aller. Le public français est plus capable que d’autres de saisir ces différents niveaux.
En Angleterre, le cinéma est en outre complètement dominé par le cinéma américain. Vous me dites que la fréquentation en France est devenue plus importante pour les films américains que pour les films français ? C’est une chose très dangereuse. En disant cela, je ne critique pas l’Amérique, parce qu’on fait des films merveilleux en Amérique. Mais j’estime qu’il est très dangereux de perdre un fondement culturel. Culturellement, je suis nationaliste. Je pense que chaque pays doit avoir son cinéma. Je crois que j’ai fait les films que j’ai faits parce que je suis Anglais. Bien sûr, je tourne des films aux États-Unis, et je peux venir tourner un film à Paris, mais je vis en Angleterre, et je n’imagine pas de vivre ailleurs.
Comme je suis un peu paresseux, je n’ai pas vu beaucoup de films français récemment. La Règle du jeu doit être le dernier grand film français que j’aie vu… Je plaisante ! Depardieu est le meilleur acteur français. Il est littéralement génial, mais il ne peut faire des films hors du territoire français. Il faut pour cela avoir la tête d’un Christophe Lambert. »
Propos recueillis par Frédéric Albert Lévy
(1) On pourra ajouter à cela que Pierre Niney joue un rôle important dans le dernier film de Hugh Hudson, Altamira. Sur ce film, on pourra lire :
Retrouvez également l’article de Claude Monnier sur Hugh Hudson
https://wordpress.com/post/blog.starfix.fr/2212
Suivez toute l’actualité de STARFIX
—– 1983-2023 : 40 ans de Starforce —–
STARFIX est une marque déposée par STARFIX PRODUCTIONS