
Par FAL : Cauchemars, crises d’angoisse… Depuis qu’elle a été piquée par une tique communiquée par un chien qui se secouait un peu trop fort, Christine, créatrice de mode, ne va pas bien. Et quand Diana, une jeune Philippine, sonne à sa porte en lui assurant qu’elle vient l’aider, comme convenu lors de leur conversation téléphonique, elle est étonnée, puisqu’elle n’a aucun souvenir de cette conversation, mais les trous de mémoire faisant aussi partie de son mal-être, elle ne proteste pas et l’engage comme nounou pour sa petite fille et comme aide-ménagère.
Ce qui, de fait, ne semble pas être une mauvaise décision : pleine d’initiative, Diana, à l’aide d’herbes et de mixtures un peu étranges, parvient à calmer ses crises, en précisant toutefois que le soulagement qu’elle lui apporte ne saurait être que temporaire. Et c’est là que le bât blesse. Au bout d’un certain temps, la question se pose : et si Diana, loin de soigner Christine, contribuait au contraire à perpétuer son mal ?
Et c’est pourquoi le film s’appelle en « anglais » Nocebo, mot latin qui signifie « je nuirai », et en « français » … The Nocebo Effect. Oublions ce charabia snobinard qui mêle l’anglais et le latin pour ne retenir que l’idée, puisqu’elle touche au sujet même : Diana a raison de dire qu’elle ne peut guérir Christine, car le mal de Christine est intérieur. L’effet nocebo obéit au même schéma que l’effet placebo : dans les deux cas, c’est dans la tête du sujet – et non dans les cachets – que tout se passe. C’est son seul désir de retrouver sa santé ou de la détériorer qui, chez le malade, détermine l’évolution du mal.

Le paradoxe de la situation, c’est que Christine ne sait pas à quoi est dû ce sentiment diffus de culpabilité qui la fait aller si mal, alors que Diana, elle, sait.
Parce que Diana est là pour se venger.
Nocebo reprend donc le schéma qu’on a déjà vu dans maints films d’horreur, celui de l’intrus(e) doté(e) de pouvoirs maléfiques qui débarque dans une famille bourgeoise et sème la terreur, mais nous avons affaire ici à un faux film d’horreur, ou plus exactement à un film qui, se moquant des ficelles et des outrances du Grand-Guignol, vient nous rappeler qu’il existe dans la vie réelle des horreurs beaucoup plus effrayantes et beaucoup plus tragiques que toutes celles qu’on pourra montrer sur un écran. Contentons-nous de dire ici que la mode occidentale, représentée par Christine, est peut-être conçue et élaborée en Occident, mais que c’est dans des pays comme les Philippines que se trouvent les ateliers qui permettent aux dessins et aux esquisses de devenir de véritables vêtements. Dans des conditions que le consommateur occidental préfère le plus souvent ignorer…
Based upon a true story.
C’est Eva Green qui joue Christine, et qui, changeant de visage d’une séquence à l’autre de manière étonnante, exprime tour à tour désarroi, désespoir ou dédain. Mark Strong, qu’on a souvent vu dans des rôles de méchants et dans des films d’action, prouve ici qu’il est capable de bien plus de subtilité dans le rôle du mari qui sent bien que quelque chose ne va pas, mais qui ne parvient pas à réintroduire la raison dans un univers qui lui échappe chaque jour un peu plus.
Frédéric Albert Lévy
The Nocebo Effect. Un film de Lorcan Finnegan, avec Eva Green, Mark Strong, Chai Fonacier. B-r et DVD, The Jokers.
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