JFK d’Oliver Stone en coffret collector

Photo © New Regency Tous droits réservés

Par Claude Monnier : L’Atelier d’images nous submerge presque avec ce coffret collector : le film restauré dans sa version longue (vingt minutes en plus par rapport au montage cinéma de trois heures), avec commentaire audio intégral du réalisateur ; le documentaire récent de Stone sur le meurtre de JFK, d’après de nouvelles archives rendues publiques, documentaire présenté ici dans sa version longue pour la télé (4h) et dans sa version courte pour l’exploitation en salles (2h) ; plus une conférence récente du cinéaste ; plus une analyse de Jean-Baptiste Thoret, spécialiste bien connu du film de Zapruder ; plus un livret du critique et historien Samuel Blumenfeld ; plus les scènes coupées du film de 1991, avec ou sans commentaire audio… Ouf !

Oliver Stone à Dealey Plaza 5

À la fin de ce coffret bourré jusqu’à la gueule, la célèbre thèse de Stone finira bien par entrer dans votre crâne : JFK n’a pas été assassiné par un tireur isolé (Lee Harvey Oswald) mais par l’appareil d’Etat (CIA, Pentagone) en raison des vues pacifistes du jeune président sur le Vietnam. Mais au-delà de cette thèse que chacun pourra ou non contester, ne nous leurrons pas : JFK est avant tout un thriller. Et de la même manière que Stone avait créé, en tant que scénariste, le plus grand film de gangster (Scarface) et le plus grand polar (L’Année du dragon), il crée ici, en tant que cinéaste, le plus grand des thrillers. Un thriller effrayant sur le plus mystérieux des crimes. Presque un film d’horreur. Lon Chaney disait que la chose la plus effrayante dans la vie serait d’ouvrir sa porte le matin et de se retrouver face à un clown. Stone pense plutôt que ce serait d’ouvrir la porte et de se retrouver face à un tueur impavide de la CIA !

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Deux motifs visuels puissants structurent ce thriller « horrifique » : le flash-back fulgurant et la lumière de cachot.

– Le flash-back fulgurant ; dans l’expression « flash-back », le mot « flash » retrouve ici sa raison d’être : le film multiplie en effet des milliers de « flashs du passé » (images d’archives ou reconstitutions par Stone et son chef-op, sous divers formats ou émulsions : 35, 16 ou 8 mm, images TV, noir et blanc ou couleurs délavées), flashs qui illustrent à chaque seconde le flot verbal des témoins ; disons-le : c’est le montage le plus virtuose de l’histoire du cinéma américain, justement récompensé par un Oscar. Mais cette virtuosité n’est pas gratuite : il s’agit de noyer le spectateur, comme est noyé Jim Garrison (Kevin Costner) dans son enquête-fleuve. Et cette noyade n’est pas tant physique que morale : le fleuve en furie que constitue JFK charrie des centaines de troncs d’arbres pourris et des milliers de cadavres (notamment ceux du Vietnam). Le courant déchaîné nous emporte et nous retourne comme il retourne la surface de l’Amérique. Et ce qu’il y a dessous n’est pas beau à voir. JFK est le livre des Révélations de Stone, autrement dit l’Apocalypse.

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– La lumière de cachot : elle tombe constamment sur les protagonistes et les rend blafards comme des cadavres en sursis. Cette lumière ressemble à celle qui tombait sur Jake La Motta/Robert De Niro, seul dans sa cellule, à la fin de Raging Bull. Par cette lumière, Stone suggère que l’Amérique est une prison non pas physique mais spirituelle : enfermement créé par le matérialisme (ce n’est pas un hasard si Stone, homme déchiré, devient bouddhiste au cours des années quatre-vingt-dix). Mais comme à la fin de Raging Bull, cette lumière carcérale, cette lumière de surveillance, est aussi, à l’insu des personnages, une lueur : lueur de la vérité et de la conscience qui est enfouie en eux et qui remonte peu à peu. Cette lueur grossira et explosera dans le dernier tiers du film, où la Vérité (selon Garrison et Stone) se fait jour. La parole stressée ou manipulatrice qui nous inonde depuis le début devient parole libératrice, celle d’un Kevin Costner au sommet de sa carrière d’acteur, digne héritier de Gary Cooper et James Stewart.

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Ainsi, pour terrible qu’il soit, JFK est un film « ascendant ». Dans L’Apocalypse, il y a certes la Bête et son lot de punitions mais il y a aussi, en germe, la Rédemption.

Attention, le commentaire audio et le commentaire des scènes coupées, ne sont pas sous-titrées.

Claude Monnier

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